Chaque année, nous partons en Inde rendre visite aux paysans avec qui nous collaborons. Acheter des épices en direct, choisir les lots, voir les champs est important. Maintenir des liens de qualité avec les producteurs l’est bien plus encore. C’est ainsi que nous passons du temps avec eux et leur famille, partageons de bons moments et découvrons leur histoire de vie.
L’arrivée en Inde est toujours un moment étonnant. En quittant l’environnement stérile de l’avion et de l’aéroport, on tombe nez à nez avec le parfum de l’Inde. Cette odeur intense d’encens mêlée à la pollution, aux fleurs et à la friture… Cette odeur qui vous rappelle en une seconde que vous n’êtes plus à Paris.
Même si l’odeur change d’une région à une autre, on la reconnaît tout de suite, puis, elle nous enveloppe dans son manteau chaud et humide, presque étouffant. Quand j’arrive en Inde, j’essaie de quitter le plus rapidement possible la ville pour aller à la campagne, voir les producteurs, trouver un peu d’air frais et un refuge loin des klaxons incessants typiques des villes indiennes.
Il y a 3 semaines, Cyril et moi sommes partis rendre visite à nos producteurs et pour en rencontrer de nouveaux. Nous sommes partis 16 jours dans le but d’en passer 11 à la campagne. Sauf que l’Inde à sa propre idée de l’emploi du temps, et que l’on a beau prévoir tout à l’avance, on se retrouve parfois démunis face aux imprévus.
Plusieurs visites des fermes annulées à cause de fêtes régionales et d’un producteur qui venait de perdre son certificat de production biologique, des bus de nuit annulés et des trains complets… On finit par se retrouver bloqué à Jodhpur, puis à Ahmedabad. On en a donc profité pour trouver plein de nouveaux accessoires et de magnifiques boîtes à épices anciennes qui seront bientôt en vente sur le site ! On boit beaucoup de chaï (j’ai même eu le temps d’écrire un article dessus) et on imagine les nouveaux mélanges d’épices que nous vous proposerons bientôt.
Puis les visites des fermes commencent enfin ! On démarre dans le Gujarat, dans la ferme de Devendrasi. Lui et Poupetpie, le vieux paysan, nous font visiter leur ferme. Nous y découvrons cette délicate fleur qui donnera bientôt le cumin. La récolte aura lieu dans 15 jours, sera mise à sécher puis expédiée dans notre atelier sans attendre, pour une fraîcheur maximale. Cette ferme produit aussi de la coriandre et du fenugrec ; la ferme voisine des graines de fenouil. Quelle joie de savoir que ces épices arriveront bientôt chez nous !
À partir de là, les visites s’enchaînent et nous arrivons à rattraper notre retard. Direction le Kerala où nous commençons par la région du Wayanad, dans la chaîne de montagnes de Malabar (à l’origine du poivre de Malabar, et non du chewing gum), pour visiter nos amis producteurs de la région. Nous faisons aussi la rencontre d’Ashak, le producteur d’un poivre extraordinaire !
Dans la plantation d’Ashak, le poivre est cueilli uniquement quand il arrive à pleine maturité et devient rouge. Il est ensuite séché au soleil, ce qui donne un poivre noir aux reflets rouges intenses. C’est un produit rare car le poivre noir est généralement cueilli vert avant d’être séché. Cela donne un poivre très fruité, avec des notes de muscade et de pamplemousse et une étonnante longueur en bouche.
Nous avons passé les 5 jours restants dans le Kerala, à passer de vallées en montagnes, avec les producteurs de cardamome, de poivre, de baie de la Jamaïque et d’amchoor. Nous avons terminé le voyage dans la ferme de Liju, dont la famille fait partie de nos producteurs de poivre de Malabar. Nous avons quitté la ferme avec quelques kilos de poivre vert frais dans nos valises, cueilli le matin même.
Arrivés à Paris, nous avons perdu 36°C en quelques heures, mais surtout un parfum… celui de l’encens mêlé à la pollution, aux fleurs et à la friture. Le parfum de Paris – cela me semble clair maintenant – est métallique et froid. À nous d’y ajouter une petite note épicée…