À la rencontre des producteurs…
dans le Finistère

Lucie et Lenny pratiquent ce qu’on appelle la pêche à pied et cueillent des algues dans le Finistère, près de Quimper.

Lucie découvre nos épices un peu par hasard et tombe amoureuse de la puissante cannelle du Kerala. Avec les mois, l’étagère de leur cuisine arbore une collection toujours plus grande de pots parfumés et une idée prend forme… Leur méthode de travail comme leurs valeurs sont proches des nôtres ; algues et épices, pense-t-elle, feraient bien bon ménage. Elle prend contact avec nous pour savoir si nous serions intéressés par certaines algues… à intégrer éventuellement à un mélange ?

Elle me trottait dans la tête depuis longtemps, cette histoire l’algues. J’attendais juste une impulsion. Après nous être rencontrés, je fais des essais avec plusieurs types d’algues et choisis la nori et la dulse pour revisiter notre dukkah. Un régal !

Nous sommes en mai et la semaine passée, Lenny et Lucie sont venus jusqu’à Paris nous apporter notre 2ème commande. Cette semaine, c’est le match retour. On part les rejoindre quelques jours afin de mieux comprendre leur travail et participer, nous aussi, à la récolte.

Nous nous posons sur une plage près de Quimper. L’après-midi douce et ensoleillée, l’eau bleu turquoise, le sable fin et blanc… On se croirait à l’autre bout du monde ! Nous rejoignons Lenny et Lucie chez eux en fin d’après-midi.

Lenny est un Breton aux cheveux blonds tombant sur les épaules, il est discret et d’une générosité naturelle touchante. Il doit sa première expérience professionnelle à un récoltant d’algues du Finistère nord qui le prend en alternance durant sa licence ABCD (Agriculture Biologique, Conseils et Développement). Auprès de lui, il apprend le métier : cueillette, séchage, tri, vente sur les marchés. Pas de repos pour les braves !

En 2018, Lenny se lance à son compte. Pour cela, il déclare auprès du comité des pêches 7 variétés d’algues dans 2 des 5 zones de cueillettes biologiques autour de chez lui . BeGood Alg vient de naître.

Lenny rencontre Lucie sur un marché alors qu’elle passe des vacances en famille dans le Finistère. Cette fille pétillante, enthousiaste et dynamique quitte Paris et sa troupe de théâtre sans regret pour retrouver son nouvel amoureux et se mettre, elle aussi, à la cueillette des algues. Très vite, ils trouvent une forte complémentarité qui leur permet de se répartir les tâches quotidiennes dans une belle harmonie.

Producteur d'algues dans le Finistère avec qui Epices Shira collabore

Nous parlons jusque tard dans la soirée puis partons le lendemain matin à la pêche aux algues. Nous pataugeons sur l’estran, slalomons entre les rochers pour remplir nos sacs de nori. La tâche est méditative et laisse du temps pour les silences et les échanges.

Nous apprenons qu’il y a 3 types de cueillette.

D’abord, la cueillette en mer avec un goémonier équipé d’une machine. Toutes les algues, sans distinction, viennent s’entortiller autour d’un crochet – le « scoubidou » – qui les arrache. Le rendement est maximal et le bateau ne repart que lorsque le pont arrive au ras de l’eau. C’est une cueillette sans finesse, sans précision, où les algues servent aux industries cosmétiques, pharmaceutiques et agroalimentaires.

Ensuite, la culture en pleine mer ou en bassins à terre où les algues sont reproduites en laboratoire avant d’être « semées ».

Enfin, la pêche à pied. Lenny fait partie des 75 professionnels et 450 saisonniers en Bretagne.

Il y a mille et une manières de récolter les algues comme il y a mille et une personnalités de récoltants. Là où certains ne pensent qu’en volume, d’autres oeuvrent à pérenniser la ressource, leur potager marin.

Producteur d'algues dans le Finistère avec qui Epices Shira collabore
Producteur d'algues dans le Finistère avec qui Epices Shira collabore

D’abord Lenny est vigilant ! Il choisit les zones de récoltes les plus saines et les plus brassées, cherche son chemin entre les rochers recouverts d’algues et fait le tour de la zone pour observer, évaluer ce qu’il va prélever. C’est durant cette étape qu’on a pris conscience de la valeur de son travail : il cueille seulement 30% des algues qui recouvrent le rocher. L’algue nori met par exemple 1 mois et demi à se renouveler et en procédant ainsi, il entretient le jardin et préserve le biotope. Les habitants du coin ont pris l’habitude de le voir galoper à marée basse entre les rochers pour surveiller la repousse.

Lenny ne remplit que 3 sacs d’algues par marée. Une fois pleins, il les déplace dans une mare salée pour les rincer. Par petite poignée, les touffes sont lissées pour faire tomber le reste de sable et les tout petits animaux (bébés moules, crevettes, minuscules cailloux). Comme tout se fait à la main, c’est une étape qui prend un sacré temps…

Il emmène ensuite sa récolte du jour dans une serre où les algues sont étalées bien à plat pour sécher rapidement. Ensuite, Lucie prend le relais : les algues sont tracées, broyées puis tamisées à la main avant d’être conditionnées ou valorisées en d’autres produits alimentaires.

Leur pratique est très éloignée de celle des transformateurs qui, pour commercialiser des produits à base d’algues, sous-traitent les récoltes, possèdent des équipements très coûteux comme des déshydratateurs, tapis roulants, séchoirs…

Saviez-vous qu’il existe en Bretagne 700 espères d’algues, toutes comestibles, dont certaines sont microscopiques ? Les algues visibles à l’œil nu doivent s’accrocher à des rochers, tandis que les autres poussent dans les profondeurs. Leur pouvoir d’adaptation est assez fou car à marée basse, elles se déshydratent complètement pour de réhydrater à marée haute.

Ici, les saisons sont bien marquées et les algues ont depuis longtemps appris à s’adapter. Certaines d’entre elles sont en pleine croissance durant l’hiver, période de fortes houles et de tempêtes, le ressenti sous l’eau peut parfois atteindre l’équivalent de vents de 3000km/h qui peut tout arracher sur son passage.

Lenny et Lucie sont dépendants des marées pour la récolte des algues, et de la météo pour le séchage. Ils doivent être précis et rapides car ils n’ont que 2 ou 3 heures pour travailler sur l’estran avant que l’eau remonte. Ce rythme ne leur laisse plus beaucoup de temps libre mais on leur souhaite de trouver un équilibre qui leur permettra de vivre leur passion tout en trouvant le temps de reprendre le surf, les traditions bretonnes et de filer au large… Kenavo 😉